PAUL BECKRICH : entre terre & feu, interview d’un sculpteur passionné
Paul Beckrich répond à 4 questions + reportage photographique
- Comment avez-vous découvert la technique du raku ? Quels sont les avantages que vous lui trouvez ?
« La technique du raku est une discipline qui s'apprend lorsqu’on étudie la céramique. Cela fait maintenant 42 ans que je pratique, et cette technique, je l'ai abordée dans mes premières années de recherche. Lorsque que j'ai eu envie de faire des personnages avec du caractère dans les matières, j'ai tout de suite ressorti mes essais qui étaient entreposés dans le fond de mon atelier, et après examen de ceux-ci, j'ai commencé à développer la technique. Cette technique m'apporte une palette riche dans les matières, allant du côté brut de la terre jusqu'à la délicatesse d'un émail. »
Le déclic vient d’un stage de tournage et d’émaillage, où trois mois plus tard, Paul Beckrich quitte son emploi dans le secteur bancaire afin de débuter comme potier en céramique.
« J’ai été fasciné par cette pratique et j’ai décidé d’en faire mon métier ».
Il commence à réaliser des pièces uniques à partir de 1981.
- Combien êtes-vous à travailler à l’atelier ? Comment choisissez-vous vos collaborateurs ?
« A l'atelier nous sommes deux, moi-même et mon assistant M. OCHAKA Pongpan, qui fait toute la préparation de ma terre, ce qui me libère pour la création, et maintenant m'assiste à l'émaillage et aux cuissons. Cela fait 11 ans qu'il travaille avec moi et il a mis 6 bonnes années à me seconder dans beaucoup de domaines. »
- Vous arrive-t-il de réaliser de très grandes sculptures ?
« Les très grandes pièces sont réalisées en bronze, ce qui n'est pas la même technique que le raku. Avec le modelage, je pouvais donner corps à mes émotions. Le bronze me permet de travailler beaucoup plus les pièces et de donner une autre dimension à mon travail. La taille peut atteindre 2 mètres comme le Padishah d'Ispahan (photo ci-contre), et bien plus si il y une demande. »
- Nous avons pu découvrir une autre matière dans votre travail : la pâte de verre pour votre statue Zhao. Avez-vous prévu de développer cette nouvelle façon de travailler ou était-ce exceptionnel ?
« Ces pièces sont faites par la verrerie d’art DAUM. Il a d’abord été élaboré MUSA, se fut une première et un chalenge dans l'histoire de la manufacture, de par la grandeur (85 cm de hauteur) et la densité de pâte de verre nécessaire pour couler la pièce (85 kg de cristal). Sa fabrication a nécessité 300 heures de travail. Il y a eu ensuite ZHAO qui a été déclinée en deux couleurs. Ces deux modèles font partie d'une collection exceptionnelle pour DAUM. Nous prévoyons de continuer notre collaboration pour des pièces plus petites, l'étude est en cours. »
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Nous vous invitons à apprécier ce très beau reportage photographique pour vous faire une idée de ce à quoi ressemble une journée à l’atelier de Paul Beckrich… Entre l’atmosphère calme qui se dégage des photos prises pendant les étapes de peinture et de sculpture, et celles plus effervescentes du processus de cuisson, le contraste est beau et saisissant. Les pièces en céramique subissent un choc thermique : elles sont sorties du four à 1000°C et sont enfouies dans des végétaux, généralement de la sciure ou des copeaux de bois. Au contact de la chaleur, celle-ci s’enflamme et dégage du carbone qui va limiter l’apport d’oxygène dans la terre cuite et l’émail. C’est au cours de cette opération qu’apparaissent les couleurs plus ou moins métallisées, les craquelures et l’effet d’enfumage de la terre, très caractéristiques au raku*. Après refroidissement, les pièces sont nettoyées avec un produit abrasif pour enlever tous les résidus de suie et de cendre. Soumise à de nombreux facteurs (cuisson, refroidissement etc.), chaque pièce en ressort unique !
*. « Paul Beckrich, Sculpteur », Rikia Ferrer, éd. Galerie.
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